Je ne prétends pas avoir toutes les réponses. Gérer un restaurant, c’est aussi jongler avec la rentabilité, la pression, les attentes. Mais je suis convaincu qu’on ne peut plus continuer à cuisiner comme si de rien n’était. Il ne s’agit pas d’être extrémiste, mais simplement cohérent. Une brasserie, un bistrot, un gastro, peu importe le niveau ou le style : on se doit de respecter un minimum la saison, de faire attention à ce qu’on met dans l’assiette.
Servir des quartiers de tomates en hiver, ce n’est plus acceptable.
Ce n’est pas une question de standing, c’est une question de bon sens.
Aujourd’hui, je cuisine local, de saison, avec beaucoup de végétal, parce que c’est ce qui me paraît juste. Et même si c’est parfois plus compliqué, même si les marges sont serrées, je préfère faire ce choix-là. Parce que cuisiner, ce n’est pas seulement nourrir. C’est défendre une idée du monde, une idée de ce que l’on veut transmettre.
Alors non, je ne suis pas un militant parfait. Mais je suis un chef qui doute, qui cherche, qui s’engage. Et si vous êtes là, assis à ma table, c’est peut-être que vous partagez ce chemin-là. Tant mieux. On avancera ensemble.
— Damien Espeillac